Deprimogenèse en LA majeur : l'art du rebondissement
On était partis en long week end avec la perspective *chaleureuse* d'un mardi à touiller de la mousse et du carbone, à torturer la fraiseuse et exploser les programmes, a aligner du code sur quelques millions de lignes, et de couler, mouler, démouler, tailler, poncer, ajuster, de phases en interstices, la naissance de CARLINGUE...
La pensée faite forme.
Le pixel devenu matière.
La larve transformée en papillon...
...
ça pourrait presque en devenir lyrique.
Toujours est-il qu'à un moment, le projet s'est *tordu*.
Si.
Après une soirée à se faire consciencieusement démonter par Graham et Olly, on était légèrement *déprimés*, extraits choisis (et traduits):
"<- Okay, guys, il ne reste plus que trois semaines
Acquiescements
<- Ce qui signifie, entre autres, que vous n'avez plus qu'une semaine pour la construire votre voiture, d'accord?
Acquiescements, toujours.
<- Alors, comment vous allez faire comment?
-> Ben, on va commencer par le châssis en carbone, puis...
<- Attendez, là, l'axe des X de la machine il est à Cardiff, donc ça c'est pour lundi. Et on ne sait pas si le programme va fonctionner. Et la direction, elle donne quoi? Vous êtes surs que ça va résister? Vous allez faire comment?
Blanc.
<- Le carbone, la mousse, tout ça, ça coute une fortune. On ne mettra pas de l'argent pour un projet qui ne sera pas fini.
-> Comment ça on y arrivera pas? Tout est prêt, les calculs, les plans, les SolidWorks, tout!? On peut le faire, on veut le faire, on le fera, on en est capable, non?!
<- Ouais ouais, moi aussi je veux décrocher la lune, je le veux, ouais, vraiment...
Gros gros brouhaha, ça proteste de partout quand ça en a encore le courage (ça fait un moment qu'on est bien plombé en fait). Emerge du tas d'onomatopées aux accents de détresse\franc désespoir\énervement, des bouts de phrases :
<- Mais vous manquez de connaissances, *skills*, des DUT, quoi... "
On a quand même harcelé Graham jusqu'à la fermeture. Avec des plans et un milliard de légende. Et on a fini, au bout de presque trois heures de négociation, avec une dead line vendredi pour un châssis en acier, sur ses roues et avec Edith dedans, voir si ça résiste. On sent déjà que, pour lui, ça ne tiendra pas.
On s'est fait une bouffe dans un fond de restaurant, à prévoir, déjà, la méga mine qu'il allait falloir de mettre pour fêter l'enterrement de CARLINGUE. Dans le tas des rumeurs malignes, qu'il n'y avait plus assez d'argent, ou que le grand patron voulait absolument trois Formula donc besoin de bras et abandon des projet, ou alors un test...? Il paraissait très -très- clair qu'ils voulaient qu'on abandonne l'Eco. Que certains s'en fichaient, d'autres (dont moi) non.
Au matin, après un craquage de nerf d'un coté, des gens en absence ou partis se pendre, j'allais avec un parapluie de récup (merci Stuart) à l'assaut des barres d'acier. Que j'ai pas trouvées ==> fin des haricots.
Ainsi, pendant que je m'obstinais à remplir la fichue entry form pour l'Eco Marathon, ça se démotivait ferme. En debut d'apres midi, il y en avait qui tentaient de se recycler sur le vélo couché, une autre partie à remuer des kilos d'acier sur la Formula Student, et du coup Thomas m'a convaincue pendant une demie heure que, non, il y a avait du boulot sur la Formula, on avait de quoi s'amuser jusqu'à la fin du mois, mais nooonnn, c'est pas grave, va pas te pendre, reste à Wrexham, trouve une tablette de chocolat, et viens, on a besoin de gens.
L'ambiance dans le workshop était à pleurer. Et on est allées, avec Isa et ce qui nous restait de courage, annoncer notre officiel tribut à la rubrique nécromanthique du jour. Graham a laissé tomber qu'il allait en discuter avec Olly. Je sais pas pourquoi, mais j'ai ressentit un franche bouffée de haine pour tout ce qui pouvait ressembler à un irlandais. Ou c'était peut-être juste l'envie de pleurer.
Et puis hop, une heure plus tard, que je n'étais pas entrée à Bath Road, miracle, meeting, "comment quoi vous abandonnez?". Nous, les yeux tout grands ouverts, les oreilles idem, on se fait alors annoncer que vraiment, si on laisse tomber à la première contrariété... J'ai (on?) toujours rien compris à ce qui s'est passé entre les deux soirées.
Donc Graham nous a pris sous le bras, direction le rayon des tringles à rideaux (logique) de chez B&Q, où j'étais allée sans succès, sort cinq barres en acier, achète, vroum, NEWI.
Gros blanc, encore. Et soudain enfilage de blouses, mètre, crayon et scotch, ça scie et ça lime, et un châssis, un, prêt a souder, en deux heures, chrono... C'est presque aussi beau qu'une table en kit IKEA... Le lendemain matin, fignolage, soudage et encore les longerons pour les roues avant et l'ensemble de direction pour la roue arrière a faire, c'est pas comme si c'était déjà fini, c'est juste que ça donne la pèche.
Une heure pour un méga revival. Il y a parfois des trucs fabuleux qui se passent et on sait pas pourquoi, ni comment. C'est pourquoi, dans la rubrique des faits divers, après du lavage de cerveau par légère insomnie (Chat noir, Chat blanc, ou les grands-père magnifiques ; King Kong et Persepolis le triste/drolissime/informel, entre autres), un article a la fois poilant et... strange, de Sir Fabrice Colin himself --->LA<---. Surtout pour le truc sur la décapitation. Ça doit faire... bizarre.
Et aussi Madame Le Chat, star animaliere, qui tourne/tourne/tourne, *ronronnante* autour de Bath Road. C'est meme pas un chat, d'ailleurs, c'est un ecureuil. Si.